La marque Couesnon cesse son activité après 196 années d’expertise

Après 196 années d’expérience, l’entreprise PGM Couesnon a annoncé hier être mise en liquidation judiciaire. C’est la fin d’une histoire démarrée en 1827.

Avant sa fermeture, la marque PGM Couesnon comptait encore parmi ses clients la Garde républicaine, la marine chilienne ou encore l’armée algérienne, pour un total de 85% de sa production exportée. Basée à Étampes-sur-Marne, elle comptait en 2021, 9 employés, sous la direction de Ginette Planson et sa fille Sophie Glace, fondatrices de la marque PGM qui avait racheté Couesnon en 1999. L’histoire se termine aujourd’hui avec la liquidation judiciaire de l’entreprise.

La firme française a été durement touchée par le COVID et le coup d’arrêt planétaire à la vie musicale, aux festivités et aux concerts avait déjà fait chuter de plus de 50 % les commandes. Pour 2021, le chiffre d’affaires avait chuter de 520 000 à 270 000 euros.

« On se bat pour survivre », déplorait alors Sophie Glace, cogérante avec sa mère, Ginette Planson lors d’un entretien au journal l’Union. Avec une production de cuivres et de percussions destinée à 80 % à l’export (notamment les fanfares militaires d’Afrique et d’Amérique latine), « quand il y avait une crise en France, on se rabattait sur l’étranger mais là, c’était impossible ».

La marque faisait pourtant partie de l’histoire de l’artisanat française, labellisée Entreprise du patrimoine vivant depuis 2012. Elle fonctionnait notamment avec des machines anciennes et sans automates.

Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur ce qu’était Couesnon au début du XXeme siècle, voici le lien vers le catalogue de 1912 mis en ligne par le musée de Mirecourt.

Pour rappel, Maurice André a été l’ambassadeur des instruments Couesnon, en particulier les instruments naturels Et bien avant, Bernard Soustrot pour les trompettes; il avait développé une piccolo.

Histoire de Couesnon

Auguste Guichard fonde en 1827 un atelier de fabrication d’instruments de musique, qui prend successivement les noms de Gautrot puis Couesnon au fil du 19ème siècle et des changements de directeur. C’est la première productrice d’instruments à employer des machines à vapeur. L’entreprise installe en 1881 une usine dans le 11e arrondissement de Paris, dans un bâtiment construit pour ses besoins industriels. En 1883, Amédée Couesnon acquiert la maison Gautrot, et par la même devient propriétaire de la célèbre maison Triébert, reconnue pour la qualité de ses hautbois.

Amédée Couesnon

Sous la direction d’Amédée Couesnon au début du 20ème siècle, l’entreprise emploie plus de 1000 personnes dans 6 usines spécialisées différentes, dont 600 personnes à Château-Thierry pour la fabrication des cuivres et percussions. S’y ajoutent une lutherie industrielle à Mirecourt, une fabrique d’instruments à anche à Garennes et de saxophones à Mantes. C’est de ses ateliers de Château-Thierry qu’est sorti le clairon sonné par Pierre Sellier pour ouvrir les négociations de l’armistice de 1918.

Couesnon gagne plusieurs années consécutives de prestigieux prix lors des expositions universelles et est classée hors concours lors de l’exposition universelle de 1900 à Paris.

Elle subit une chute de ses exportations aux Etats-Unis durant la crise de 1929. L’usine parisienne est cédée en 1936 à l’Union Fraternelle des Métallurgistes et devient ensuite la Maison des Métallos. En 1957, Couesnon rachète le facteur français de cuivres Fontaine-Besson, qui avait déjà fait faillite en 1950.

En 1979, un incendie criminel qui détruit la totalité des archives et plusieurs ateliers du site de Château-Thierry amène l’entreprise à arrêter son activité de confection de housses pour instruments, tout en continuant à fabriquer des instruments. Ginette Planson, ouvrière licenciée à cette occasion, rachète les machines nécessaires à l’activité de confection de housses et s’installe à son compte dans son sous-sol, fondant l’entreprise PGM avec sa fille et un associé. En utilisant pour des tambours la fibre de verre employée jusque-là pour les étuis des trompes de chasse, elle produit un instrument très léger qui a beaucoup de succès.

En février 1999, lorsque les Établissements Couesnon déposent le bilan, PGM les rachète et installe la société rebaptisée PGM Couesnon à Étampes-sur-Marne.


Avec la fin de cette histoire, c’est une page qui se ferme pour une marque qui a résonné depuis des années en France. Et comme le disait Sophie Glace, co-fondatrice de PGM, la disparition progressive des fabricants au profit d’un monopole asiatique risque à terme de “créer une uniformisation du son, qui devient terrible dans le monde de la musique.

Il faut espérer que les initiatives comme les trompettes CONFLUENCE d’Antoine Courtois, la marque A.Jaminet ou encore la MBXR de B&S pourront maintenir une tradition de cuivres à la française.


Sources & Photos : l’Union, Wikipédia & le site de Château-Thierry.

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