Toute la semaine, des trompettistes venus du monde entier se confrontent pour le retour du Concours Maurice André, 16 ans après la dernière édition.Clément Saunier nous livre ses impressions en tant que membre du jury et lauréat du Concours.
Depuis hier, nous connaissons les noms des 15 candidats sélectionnés pour le deuxième tour du Concours Maurice André. Si du côté des candidats le stress est bien présent, côté jury c’est également très intense.
« C’est un plaisir et un soulagement de retrouver ce concours après 16 ans d’absence. Voir renaître ce concours et constater qu’il séduit la nouvelle génération de jeunes trompettistes nous réjouit. »
Si Clément Saunier admet avoir ressenti beaucoup de joie à pouvoir revivre ce concours, il nous confie également retrouver « le plaisir d’écouter tous les candidats, d’entendre les différences entre les écoles (qui s’amenuisent cependant un peu) : l’école hongroise, l’école chinoise (avec 2 candidats au second tour), l’école américaine, Allemande ou encore sud-américaine, et bien-sûr l’école française. « C’est émouvant, car cela manquait… Dans l’histoire des concours internationaux, Munich et Paris ont toujours eu une saveur particulière ! On sent le poids de l’événement.»

Mais surtout, il faut rappeler à quoi sert un concours international. « L’idée première, c’est de révéler des nouveaux talents, donner un éclairage médiatique sur une nouvelle génération d’interprètes mais cela sert aussi à se révéler soi-même lorsqu’on est candidat. « C’est une préparation de plusieurs mois, ça a des vertus humaines magnifiques, rien que s’inscrire c’est déjà un énorme pas ! C’est un accélérateur de travail car il y a un tel programme imposé qu’il faut apprendre à savoir tout gérer : musicalité, forme, motivation, repos. »
En ce qui concerne le concours Maurice André, l’enjeu est de « perpétuer le nom d’un des plus grands trompettistes de l’histoire, d’honorer sa mémoire, et de montrer à la planète entière les solistes de demain. C’est formidable ce type de concours et nécessaire à mes yeux ! En France il y avait le concours Maurice André organisé par la ville de Paris, le concours de Toulon (avec Roger Delmotte) et le concours de Guebwiller qui étaient des événements d’envergure internationale, et soudain ils ont tous disparus à part le concours Eric Aubier à Rouen en 2017 ! Le retour du Concours Maurice André sera j’espère une belle motivation pour la génération de trompettiste qui arrive ! »

Pour ce retour, le concours est diffusé en live sur YouTube et c’est un gros succès :”Nous avons eu sur le streaming plus de 5000 personnes en cumul par journée, c’est vraiment énorme. L’organisation avait pris la décision d’écouter en entier tous les trompettistes rien que par respect pour les candidats qui viennent de loin par exemple car c’est vraiment un investissement énorme mais aussi pour tous les candidats qui ont préparé le concours. Ce n’est pas un concours d’Orchestre et nous voulions entendre les candidats sur toutes les pièces. C’est pour eux l’occasion de jouer devant un jury de trompettistes internationaux, ce qui est une super expérience“.

Sur le répertoire, le musicien nous confie : « Gallois-Montbrun, c’est une belle pièce de concours très complète, elle est d’ailleurs imposée régulièrement dans de nombreux concours, il y a tout : phrasé, tessiture, son, staccato, technique, musicalité. Nous avons aussi la chance d’avoir un réservoir immense de concertos français pour composer un programme.. Il y a aussi des œuvres chères à Maurice André comme Telemann ou Hertel. Il faut se souvenir que c’était l’imposé, à jouer en dernier, à l’époque des concours 1997 par exemple. La résistance était primordiale à ses yeux… »

Du côté du jury, c’était également l’occasion pour ces grands solistes, anciens lauréats, de se rencontrer autour d’une même table et Clément Saunier nous dit d’ailleurs que « c’est un moment très intéressant que de découvrir les autres membres du jury : leurs attentes, leurs critères qui peuvent varier sensiblement selon la culture. Chacun défend ce qu’il aime et ce qu’il pense important dans le cahier des charges d’un futur soliste international. Les délibérations ont été très longues car il y avait beaucoup de candidats et beaucoup de questions notamment en raison du niveau élevé. »
« Le premier tour est fondamental dans un concours. Il faut marquer les esprits, en bien si possible… On peut perdre un 1er prix sur le 1er tour sur des accidents qui resteront en mémoire toute la compétition. »
Maintenant, Clément Saunier a hâte d’écouter le programme du second tour : « C’est souvent une journée qui marque le concours. Il va falloir garder 3 ou 4 candidats seulement, cela se jouera à pas grand chose pour choisir parmi 5 à 7 candidats qui vont vraiment très bien jouer. Pour passer en finale, il faut vraiment élever son niveau à chaque fois».
Et pour les candidats qui n’ont pas pu décrocher leur ticket pour le second tour, le concours organise ce jour des classes de maîtres avec les membres du jury. Les candidats auront l’occasion de travailler et faire également un bilan du premier tour s’ils ont des questions. C’est le moment de leur parler des concours de Porcia, ou encore de Jeju qui arrivent et qui seront de nouvelles opportunités. Clément Saunier a pour terminer un conseil aux jeunes musiciens, qu’il a lui-même appliqué lors des précédents concours : « Essayez d’écouter un maximum de personnes durant cette semaine pour emmagasiner un maximum d’informations sur la préparation, sur le niveau, sur le son ou l’articulation. Et un jour, ce sera votre tour ! »