Le trompettiste, longtemps ami de Maurice André, a fêté en 2022 ses 90 ans. Nous avons appris son décès ce jour. Il a joué avec les plus grands et a apporté une contribution non négligeable à la Trompette Française. Portrait de cette légende.
Il était l’un des derniers “dinosaures” encore présent de l’époque qui a vu émergé tant de solistes et de trompettistes qui ont fait les grandes heures de la trompette française. Né le 14 juin 1932, il a eu un parcours d’élève brillant. Admis en 1951 au CNSM, il obtient d’abord un 1er prix de cornet en 1954 puis un 1er prix de trompette en 1955. L’année suivante, il intègre la musique de la Garde Républicaine. Puis il réussit en 1957 le concours de trompette solo à l’orchestre radio symphonique, qui deviendra l’orchestre philharmonique de l’ORTF (Actuellement Philharmonique de Radio France). Il y reste jusqu’en 1967, date à laquelle Charles Munch fonde l’orchestre de Paris et demande expressément à avoir Marcel Lagorce au poste de trompette solo. Il y restera jusqu’en 1993 et sera remplacé par Bruno Tomba au poste de trompette solo. En 1997, c’est un de ses anciens élèves, Frederic Mellardi qui sera également nommé Trompette Solo de l’Orchestre de Paris. Le son de Marcel Lagorce plaisait beaucoup à Charles Munch. On peut lire d’ailleurs dans le livre « L’orchestre Nu » de François Dupain cette anecdote : « Un soir à Montréal, lorsque la trompette en sourdine et le cor anglais jouent à l’octave le même motif au-dessus d’une orchestration vaporeuse, dans La Mer de Debussy, le bras de Munch perdit le contrôle de la mesure tant il était ému lui-même par ce qu’il dirigeait. Alors les deux musiciens, Marcel Lagorce et Jean-Claude Malgoire offrirent au chef le plus beau cadeau de musiciens qui soit, en jouant le motif avec un tel ensemble qu’on ne pouvait desceller par l’oreille la trompette du cor anglais »

Marcel Lagorce était également membre du quintette de cuivres Ars Nova fondé en 1964 par Georges Barboteu (Cor) avec Bernard Jeannoutot (trompette), Camille Verdier (Trombone) et Elie Raynaud au (tuba). C’est en 1976 qu’il prend l’intérim de Maurice André au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, et y enseigne jusqu’en 1988. Parmi ses élèves figurent notamment : Frédéric Mellardi (trompette solo de l’Orchestre de Paris), Pascal Vigneron (professeur à l’École Normale de Musique), Hervé Noel (Professeur au Conservatoire de Bruxelles), Michel Barre, André Chpélitch, Marc Bauer (trompette solo de l’Orchestre National de France), ou encore Patrick Fabert ouThierry Amiot … On lui doit plusieurs publications, pièces de concert et méthodes pour l’apprentissage de la trompette qui sont encore régulièrement utilisées de nos jours dans les conservatoires et écoles de musique.

Pour lui rendre hommage, nous vous proposons un petit tour de quelques vidéos de cette légende de la trompette.
La meilleure scène du film “Le Cave se rebiffe” avec Jean Gabin pour ceux qui aiment la trompette : Marcel Lagorce (tp) avec l’Orchestre Michel Legrand dans la “Cavatine” du même Michel Legrand. Lagorce a enregistré la Cavatine pour le film, et Maurice André pour le disque (Polydor).
Marcel Lagorce (cnt), Orchestre direction Ernest Guillou, 1955 : Futures Vedettes (musique Jean Wiener) (2 extraits) Archives Michel Laplace.
Numérisé à partir du disque, sorti sur le label MHS à la fin des années 1960. On peut entendre Maurice André, et Marcel Lagorce avec l’orchestre de Jean-François Paillard.
Enfin, vous pouvez également réécouter le dixième épisode des Cahiers de la Trompette qui présentait les Petites études concertantes écrites par Marcel Lagorce.
Toute l’équipe de Trompette Actus présente ses condoléances à la famille du musicien.