Le secret de nos classiques : Aïda

Quand on joue de la trompette, on est souvent confronté à de grandes œuvres. Dans cette série, je vous propose de revenir sur la genèse, mais aussi sur l’histoire de ces œuvres. Je vous propose de commencer par la plus connue du grand public Aïda.


Nous sommes en 1869 le khédive (vice-roi d’Égypte) Ismaïl Pacha souhaite faire appel à un grand compositeur pour inaugurer l’opéra du Caire. Giuseppe Verdi acceptera la commande en 1870. Une idée reçue prête à Aïda d’avoir été écrit pour l’inauguration du canal de Suez. Il s’avère en fait que Verdi a refusé cet événement en 1869, car il fallait composer un Hymne inaugural et non un opéra. L’inauguration de l’opéra se tiendra le 1er novembre 1870. Aïda devait être livré début 1871. Il ne le fut que le 24 décembre 1871 à cause du siège de Paris. En effet, Verdi a fait appel à l’archéologue François Mariette comme consultant pour les costumes et les décors afin qu’ils soient le plus proche de ce qu’on connaissait de l’Égypte ancienne. Par peur du flop Mariette fit retirer son nom avant la première. C’est donc Rigoletto, autre œuvre de Verdi, qui inaugurera l’opéra. De son côté Verdi n’était pas présent lors de la première, car il ne voyait pas d’un bon œil que le public ne soit pas « populaire » mais plutôt constitué d’une « aristocratie mondaine ». Il est donc resté à Milan pour se consacrer à la première du même opéra le 8 février 1872 a la Scala. L’auteur considérera personnellement que ce fut la vraie date de création de l’œuvre.

Affiche d’Aida pour une représentation a Cleveland, Ohio en 1908 et Giuseppe Verdi

François Auguste Ferdinand Mariette et un des costumes qu’il a imaginés pour l’opéra

Aïda fut immédiatement un succès.

Passons à l’histoire telle qu’écrite par Verdi et Antonio Ghislanzoni. C’est l’histoire d’Aïda, une esclave éthiopienne, et de son histoire d’amour avec l’officier égyptien Radamès contrariée par le conflit armé opposant leurs peuples.

Acte I :

Le grand prêtre Ramphis confie au jeune capitaine Radamès que les Éthiopiens s’apprêtent à envahir la vallée du Nil et à menacer Thèbes et qu’Isis a déjà désigné l’homme qui dirigera l’armée. Une fois seul Radamès s’imagine déjà comme étant cet homme et, une fois victorieux, récompensé avec Aïda l’esclave de la princesse dont il est secrètement épris. Ce qu’il ignore en revanche, c’est qu’Aïda est la fille de Amonasro, le roi éthiopien. C’est le moment que choisit la princesse Amneris suivie d’Aïda. Elle-même éprise de Radamès, Amneris voit d’un mauvais œil l’émoi des deux jeunes amoureux. Elle questionne donc son esclave pour connaitre la vérité et la menace. Entre maintenant le pharaon suivi des prêtres et des soldats. Un messager apporte une terrible nouvelle. Les Éthiopiens menacent la ville de Thèbes commandés par le Roi Amonasro. Ciel « Mio Padre » chante alors Aïda mais à cause de l’émotion générale personne ne l’entend. Conformément au choix d’Isis, Pharaon désigne Radamès chef des armées. À la suite de Amneris, Aida et toute l’assistance clament qu’il doit revenir vainqueur. Une fois seule Aïda se reproche d’avoir souhaité la victoire égyptienne contre son père.

Au temple s’alternent les invocations des prêtresses (hors champs) et des prêtres et une danse rituelle. Ramphis invoque le dieu Ptah et remet à Radamès l’armure et le glaive sacré, symboles de son commandement.

Acte II

Nous retrouvons Amneris dans ses appartements, elle y attend le retour de Radamès victorieux des Éthiopiens. Même la danse des petits esclaves Maures ne parvient pas à la distraire. Sa jalousie brule en voyant Aïda entrer. Pour vérifier les sentiments de l’esclave, la princesse lui annonce la mort du capitaine. Face au désarroi d’Aïda après la nouvelle, elle lui révèle le subterfuge. La Fureur de la princesse éclate en voyant la joie de l’esclave. Au loin l’écho des trompettes interrompt la dispute.

La grande place de Thèbes accueille chaleureusement Pharaon suivi d’Amneris, Ramphis et Aïda. Précédée par la célèbre marche des trompettes, l’armée défile devant le roi et en fin de défilé entre Radamès porté en triomphe. Il demande à faire amener les prisonniers parmi lesquels Aïda qui reconnait son père. Celui-ci lui demande de ne pas le trahir. Il implore la pitié des vainqueurs. Il est aidé en cela par Radamès. Pharaon libère les captifs et accorde la main de sa fille au capitaine. La joie d’Amneris, le désespoir de Radamès et Aïda, le désir de vengeance d’Amonasro et un rappel de la marche des trompettes concluent magistralement l’acte deux

Acte III

Sur les rives du Nil, dans le temple d’Isis, Amneris et Ramphis viennent invoquer la bénédiction d’Isis à la veille de ses noces. De son côté Aïda attend Radamès qui lui a donné rendez-vous en repensant avec nostalgie à son pays natal. Elle est interrompue par son père qui a surpris le secret de sa fille et veut l’exploiter. En effet, les Éthiopiens ont repris le combat. Utilisant la jalousie d’Aïda et sa nostalgie pour essayer de la convaincre d’utiliser l’amour de Radamès pour qu’il révèle la route des Égyptiens. Devant le refus d’Aïda, Amonasro maudit sa fille, la renie. Dépitée, elle finit par céder. Radamès arrive, Amonasro se cache, Radamès renouvelle ses déclarations d’amour à Aïda qui lui demande de fuir avec elle en Éthiopie. Le voyant hésiter, Aïda lui déclare qu’il ne l’aime pas et lui demande de rejoindre Amneris. Radamès décide de suivre Aïda. Feignant la peur Aïda demande par quel chemin passer pour éviter son armée. Il lui révèle quelle passera par Napata. C’est le moment que choisit Amonasro pour sortir de sa cachette en révélant sont identité. Radamès est détruit par sa terrible erreur. Le roi lui propose de le suivre là où il trouvera amour et trône. Mais Amneris, qui a tout entendu, entre avec les prêtes et accuse Radamès de trahison. Amonasro tente de l’assassiner, il est arrêté par Radamès. Il permet la fuite d’Aïda et son père puis se rend à Ramphis.

Acte IV

Dans la salle du palais, Amneris, toujours amoureuse du capitaine malgré sa trahison, lui propose d’obtenir sa grâce s’il justifie sa conduite et s’engage à ne plus revoir Aïda. Ce qu’il refuse. Les gardes l’emmènent dans les souterrains où il sera jugé par les prêtres. Restée seule, Amneris entend Ramphis demander à Radamès de se disculper sans réponse. Puis les prêtres l’accusent de trahison et face à son silence le condamnent à être emmuré vivant.

La dernière scène de l’opéra se déroule dans la crypte ou l’on voit Radamès se plaindre qu’il ne reverra jamais sa douce Aïda. C’est alors que l’on entend la voix d’Aïda qui s’est faufilée dans la crypte pour mourir avec son amour.


En plus des trompettes de l’orchestre on retrouve sur scène 6 trompettes thébaines et 4 trompettes


Pour terminer cette longue histoire je vous mets le lien vers le passage de la marche des trompettes et si je vous ai donné envie vers une représentation d’Aïda par l’Opéra Royal de Wallonie Liège.

Trompette Actus

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